Ses enfants qu’on initie à la prise de parole par le conte

11 novembre 2014

Ses enfants qu’on initie à la prise de parole par le conte

Situé dans le 6ème arrondissement de la ville de N’Djamena, l’espace culturel dénommé cocotiti (collectif des conteurs titimé titimé), s’atèle depuis mars 2014 à initier les enfants à la prise de parole à travers les contes. Mais très vite, l’endroit grouille de monde et les échos débordent les limites de la circonscription.

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« Titimé titimé », ou conte en arabe tchadien, est une initiative née de la volonté d’un homme, Keïbar Toïngar Natar, célèbre conteur tchadien de l’hexagone aujourd’hui disparu. Dépêché à N’Djamena en 2012 par l’Institut Français du Tchad pour un atelier de conte avec les jeunes. A la fin de l’atelier, le diseur conseille alors aux jeunes bénéficiaires de mettre en place un collectif. Aussitôt dit, aussitôt fait. Le collectif ainsi constitué se fixe un objectif aguichant : initier les enfants aux contes, à l’histoire de la société, celle du village, de l’homme tchadien et partant, de ses racines. Très, Cocotiti emballe et se fait une place sous la bonne garde de quelques têtes d’affiche à savoir : Guedim Djimbaye dit Razolo, directeur artistique, conteur, chorégraphe, danseur et bien d’autres. Au point où tous les mercredi, les portes de l’Institut français leur sont ouvertes sans oublier les écrans de la télévision nationale tchadienne, devenue trop friande des contes et devinettes que le collectif débite, pour le plaisir des téléspectateurs.

Le mois dedécembre 2013 marquera un tournant décisif dans la vie du collectif, car, il bénéficiera du soutien de l’Ambassade de France à travers le Fonds Social de Développement. Ainsi, dans le cadre du projet dénommé « Mutations Urbaines », le collectif devient partenaire dans la mise en œuvre et offre au public et plus particulièrement aux enfants des dix arrondissements de la capitale, des spectacles de contes et du théâtre forum sur l’hygiène et assainissement de la ville. A l’issue du projet, il est attendu un recueil d’au moins 2500 contes qui seront édités mais le collectif pour sa part décide de poursuivre l’aventure et signe un bail de location d’un espace pour ses activités.

Engouement du public qui en redemande

L’espace offre de spectacles les samedi le soir. Mais, vu l’afflux du public, deux séances sont retenues par semaine au public qui vient se ressourcer et se rappeler les historiettes et les contes. Parmi ce public, le Maire du 6ème arrondissement, les conseillers et le chargé des Affaires culturelles de la Mairie de N’Djamena, hommes, femmes, vieillards. Même des habitants d’autres communes de la capitale font le déplacement de l’espace Cocotitit. Comme en témoigne monsieur Mahamat Abdelkader, venu de l’autre côté de la ville, dans le 1er arrondissement. « C’est très excitant et participatif. Cela vous donne la sensation de revivre votre adolescence. Si les autorités municipales pouvaient se saisir de ce genre de cadre et les démultiplier dans tous les arrondissements ».

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Cet afflux, le collectif le doit à sa spécificité de conter dans les langues locales aux côtés du français, car, à l’IFT, l’on conte uniquement en français. Mais aussi, dans la demande méthodologique, les conteurs alternent avec le public dans les contes, les devinettes, les énigmes, les charattes. Un conteur passe, ensuite un enfant, un homme ou une femme dans le public passe. Et cela crée une pro activité et une symbiose dans les spectacles. Et l’espace s’est ouvert à d’autres disciplines à savoir : la danse contemporaine, la musique, les danses d’interprétation moderne, les danses traditionnelles et bien d’autres qui font leur entrée pour le bonheur du public.

Malheureusement, l’espace cocotiti n’a pas de matériels ni son propre terrain. Cocotitit est en location. Entre temps, les soutiens financiers promis par la commune du 6ème et la Mairie de N’Djamena à travers la direction des Affaires Culturelles sont toujours attendus.

Alain Djimassal

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