La société civile et le budget de l’Etat

29 octobre 2014

La société civile et le budget de l’Etat

Concevoir, élaborer, exécuter et contrôler les budgets publics et communaux. C’est le thème de l’atelier de formation des organisations de la société civile, organisé à Massakory, du 24 au 25 octobre 2014 par le Groupe de Recherches Alternatives et de Monitoring du Projet Pétrole Tchad-Cameroun (GRAMP/TC).

Massakory, chef lieu de la région de Hadjer Lamis. Ville située à 200 km au nord de N’Djamena la capitale. Difficile de trouver de l’eau pour la population que pour le bétail, car c’est une région d’élevage par excellence. A cela, s’ajoute, la pénurie de carburant, visible et déplaisante comme à N’Djamena. Massakory est aussi une ville stratégique. Elle est au carrefour des régions du Kanem, du Lac, du Batha et du Barh El Gazal. Raison pour laquelle, le GRAMP/TC, avec l’appui financier de l’Agence française de développement, CCFD-Terre solidaire et Cordaid, a choisi cette ville pour la formation des organisations de la société civile des régions du Kanem, du Lac, du Batha et de Hadjer Lamis. La cérémonie d’ouverture et de clôture a été présidée par monsieur Saleh Dahab, Préfet de Dagana, représentant le gouverneur de la région de Hadjer Lamis en présence de sa Majesté, le Chef de Canton Kanembou de Massakory, monsieur Abdelkérim Moussa Korom.

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Cette formation vise à outiller les responsables de la société civile de ces régions avec la participation des élus locaux, des autorités administratives et traditionnelles aux connaissances du processus d’identification des priorités budgétaires, à la conception et à l’élaboration ainsi qu’à l’exécution, au contrôle et à l’évaluation des budgets publics et communaux.

A terme, il s’agit d’amener d’une part, les bénéficiaires de cette formation, à lire et comprendre les budgets publics et communaux. D’autre part, ils doivent se familiariser avec les différents concepts, les phases du cycle budgétaire et les différentes décisions à chacune des phases du cycle budgétaire. Au bout du compte, les membres de la société civile seront dotés en techniques et outils d’analyse des budgets publics et communaux et de la collecte de données relatives. Il s’en est suivi après la formation, la mise en place des Comités Régionaux de Suivi Budgétaire de ces régions bénéficiaires. Ces comités auront la lourde mission d’informer, de sensibiliser et de conscientiser les populations de leur région respective sur le rôle qu’elles doivent jouer pour impulser le développement local. Pour le Coordonnateur du GRAMP/TC, Maoundonodji Gilbert, « c’est aux citoyens de veiller à ce que le budget reflète les priorités sociales et économiques sur la base des engagements politiques tels que, la Stratégie Nationale de Réduction de la Pauvreté ou encore, le Plan National de Développement-PND 2013-2015, etc.

Il s’agit également de contribuer de manière effective dans la gestion publique afin d’impulser un contrôle citoyen à la base de la gestion des ressources publiques et à l’appropriation par les populations, des actions de l’Etat. En effet, les citoyens en participant aux prises de décisions et en faisant entendre leurs voix, peuvent s’approprier les résultats budgétaires, dénoncer les détournements des fonds, la mauvaise gestion des ressources, la corruption et faire accroitre l’efficacité des politiques publiques.

Le Tchad est l’un des pays les pauvres de la planète et il s’est engagé très vite, dès le début de l’exploitation de son pétrole en 2003, dans la voie de son développement. Ainsi, il a dépensé l’essentiel des revenus tirés de l’exploitation de son pétrole dans les investissements au profit des secteurs prioritaires en vue de fournir les services sociaux économiques de base à la population.

De ce fait, entré dans sa dixième année d’exploitation du pétrole, le Tchad est passé d’un budget annuel de moins de 300 milliards de francs CFA en 2004 à plus de 1857, 740 milliards de francs CFA en 2013, sur la base de la Loi des Finances rectificative, adoptée en juillet 2014.

De façon générale, le budget de l’Etat tchadien s’est pratiquement multiplié par plus de 6 entre 2003, début des activités pétrolières et 2014.Ce qui a pour effet de multiplier par plus de 22, les dépenses d‘investissements sur les ressources intérieures en supplantant les ressources extérieures dont la part dans le budget de l‘Etat est devenue marginale.

Malgré cet accroissement de ressources et nonobstant les nombreux investissements infrastructurels et sociaux réalisés ça et là, les conditions de vie des citoyens n’ont pas changé de manière significative. En même temps, le débat sur la gouvernance économique et sociale a pris le dessus avec les nombreux cas de détournement des fonds publics, la corruption et la mauvaise gestion des ressources à différents niveaux. Les rapports de contrôle et de vérification du Ministère de l’Assainissement Publique et de la Bonne Gouvernance en constituent une bonne illustration.

Cette formation vient à point nommer car elle étaye les actions du GRAMP/TC depuis sa création en 2001, en matière de veille, de suivi et de surveillance de la gestion des revenus pétroliers à travers plusieurs activités de portée nationale et régionale.

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Déjà, en 2006, le GRAMP/TC a organisé un premier forum national sur la gestion participative du budget de l’Etat et a associé différentes institutions publiques et privées ainsi que les organisations de la société civile autour des questions liées à la participation des citoyens au choix des priorités budgétaires, la conception et la mise en œuvre des publiques au Tchad.

De l’avis des bénéficiaires, cette formation leur a ouvert les yeux sur les non dits autour du budget, car le budget est considéré par les autorités administratives comme un tabou. En termes de défis, il est attendu de la part des autorités et des élus locaux, une obligation de rendre compte et un changement de comportements dans la gestion publique.

Alain Djimassal

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